Bien organiser sa reproduction est primordial en caprin

Une gestion rigoureuse de la reproduction conditionne le bon déroulement de la campagne de production. Dans les grands troupeaux caprins, il est primordial de bien organiser la reproduction de son troupeau, afin de ne pas trop alourdir le suivi et la conduite. De mauvais résultats de fertilité peuvent avoir de grosses conséquences économiques, d’où l’importance d’avoir un système de gestion bien défini et durable d’année en année.

 

Une reproduction gagnante

 

Privilégier la sélection par l’IA

Une bonne organisation du travail, et une conduite de troupeau simplifiée sont indispensables pour la bonne gestion des grands troupeaux. L’insémination (semences fraîches ou congelées) permet de faciliter cette gestion en regroupant des gros lots de mises bas, en donnant des lots de chevrettes homogènes, en diminuant le nombre de boucs nécessaires, en améliorant le potentiel génétique, en maitrisant la consanguinité, et en obtenant une paternité connue (difficile en saillie naturelle sur gros effectif). De plus, l’insémination offre de meilleures garanties sanitaires, domaine plus sensible à maitriser dans les grands troupeaux.
 

Gestion par lots

Afin de gagner du temps, il est indispensable que tous les animaux aient un identifiant facile à lire (paturon et/ou boucle)
Avec l’augmentation du nombre de chèvres, il est d’autant plus important d’avoir une gestion de son troupeau par lot. Ceci n’est réalisable que si le bâtiment est fonctionnel et pratique. La gestion par lot permet alors de faciliter les tris de chèvres, et d’avoir une conduite alimentaire adéquate en fonction :
• du stade physiologique (lactations longues, dessaisonnées, taries…)
• de l’âge (lot de chevrettes et ou de primipares)
• de la production laitière
• des chèvres destinées à la reproduction
Cependant, il ne faut pas non plus multiplier le nombre de lots (maximum 4 lots), sous peine d’une perte de temps importante à la traite.


Un bâtiment fonctionnel et adapté à la taille du troupeau

L’augmentation du nombre et de la taille des lots dans les grands troupeaux entraîne des temps improductifs pendant la traite, liés aux mouvements de lots. Il est donc important d’optimiser le temps de traite, qui ne doit pas excéder 2 heures au total pour le confort des trayeurs.
Pour cela, la totalité du lot doit être amenée ensemble à la traite (quai et parc attente). Il est également primordial de faciliter les transferts de chèvres, avec des équipements adaptés (contention, couloirs de transits, sorties rapides, accès aux quais de traite et sorties faciles, décro, etc).
Au-delà de 12 postes par trayeur, le décro est fortement conseillé pour éviter la surtraite et la perte de temps.
L’emplacement de la salle de traite doit être central par rapport aux différents lots, qui doivent tous être sous le même bâtiment.
De plus, il est essentiel de posséder un système de contention bien adapté (cornadis autobloquants, couloir de tri, barrières, …) afin d’éviter tout stress et accident lors de la manipulation des animaux.

Séverine Fontagnères, Rhône Conseil Elevage

 

« Jean-Michel Bonnard, EARL Les Roses des Prés, Longes (69)

750 animaux à la reproduction

5 lots bien identifiés

« Pour moi la principale problématique des grands troupeaux est le tri des chèvres. J’ai donc constitué cinq lots pour la gestion de la traite et de la reproduction.
Mes trois premiers lots de 100 animaux chacun correspondent aux chèvres destinées à l’insémination (dont un lot uniquement composé de primipares et un lot mixte d’animaux moins performants). Cela présente l’avantage de ne plus avoir le tri des chèvres à faire pour l’insémination. Pour les retours d’IA, je mets un seul bouc par lot pour connaître la paternité. Je garde en moyenne 250 chevrettes chaque année, issues de ces trois lots et des lots de chevrettes.
Ensuite, le quatrième lot est le plus gros (210 chèvres), duquel je n’élève rien. Dix boucs assurent les saillies de ce lot. Enfin, le cinquième lot est constitué d’une centaine de chèvres à problèmes qui seront  réformées (problèmes de mamelles, cellules, ainsi que les lactations longues). Le taux de réforme est assez élevé (40 %) du fait d’une conduite moins individualisée faute de temps. Les lots sont plusieurs fois remaniés en fonction des changements.
 

Attention particulière sur la mamelle, le taux cellulaire et la fertilité

Je sélectionne mon troupeau suivant 3 critères principaux :
• La morphologie de la mamelle est depuis toujours ma priorité, afin de diminuer le temps de traite.
• Le taux cellulaire, je réforme toutes les chèvres avec au moins trois résultats supérieurs à 2 millions de cellules (statut « gravement infectées »)
• La fertilité, puisque les chevrettes vides sont systématiquement réformées.

 

Mes outils indispensables

Toutes les opérations de conduite de troupeau (poses d’éponges, piqûres, tailles des onglons, échographies) se font sur le roto traite. Cela permet de me faciliter le travail et de ne pas générer de stress sur les chèvres. J’ai choisi, en plus des boucles officielles, de mettre des paturons de couleur afin de visualiser la valeur génétique de mes chèvres (mères à bouc, conformation de la mamelle, père inconnu, chèvres à cellules). De plus, pour la manipulation des animaux, mes chiens sont une aide précieuse. »

Propos recueillis par Séverine Fontagnères, Rhône Conseil Elevage  

Tags: