Avec le pâturage, conjuguer rentabilité et richesse du lait en oméga 3

L’adhésion au projet blanc bleu cœur et la volonté de mieux maîtriser les coûts alimentaires ont été l’occasion de remettre en cause le système alimentaire du Gaec de la Richardière (situé dans la Loire) basé précédement sur le "zéro" pâturage.

 

 

Une ration riche en oméga 3 au meilleur coût

En partant en filière oméga 3, les frères Notin en ont profité pour modifier profondément leur système alimentaire. Si l’utilisation de graines de lin extrudées est obligatoire sur les régimes à base de fourrages conservés, l’introduction dans la ration d’au moins 50% d’herbe jeune pâturée permet d’obtenir sans correction un bon profil en acide gras du lait. En effet, toutes les graminées ou légumineuses fourragères ont une teneur en matière grasse insaturée importante si elles sont exploitées à un stade précoce. A l’automne 2010,  la décision a donc été prise de remettre en place des prairies à proximité des bâtiments.

 

Introduire du pâturage sans augmenter la charge de travail

Avant de ressemer des prairies, il a fallu penser à l’organisation du pâturage. Les parcelles choisies ont été celles qui étaient  les moins faciles à travailler à cause d’un taux d’argile important ou à cause de leur forme asymétrique. Les parcelles argileuses présentaient  un inconvénient pour la portance mais avec le recul c’est un avantage pour la pousse d’été. Les jours de pluie, les vaches sont dirigées sur les parcelles difformes un peu plus portantes. Des chemins d’accès légèrement surélevés permettent une bonne circulation des animaux. Des bacs à eau installés en milieu de parcelle permettent d’abreuver les animaux sans travail.

 

Produire une herbe riche en oméga 3

Pour avoir une ration  riche en oméga 3, il faut faire pâturer une herbe abondante et  jeune. Pour ceci, différents mélanges de prairies multi-espèces ont été implantés sur une surface de 10 hectares pour 80 vaches. Afin de pouvoir offrir aux vaches pendant toute la saison une herbe de qualité, les prairies sont irriguées si besoin après le passage des vaches. Le pâturage tournant est pratiqué sur 8 parcelles avec retour des vaches sur la parcelle au plus tard tous les 14 jours. La production d’herbe valorisée par hectare est  estimée entre 11 et 12 tonnes de MS. Cette conduite du pâturage bien maitrisée permet à la fois de produire un lait riche en oméga 3 mais aussi avec un rapport des taux intéressant pour les filières industrielles Rhône-Alpines. En effet, une ration composée d’herbe jeune permet de produire un lait riche en protéine avec un taux butyreux bas ; souvent en dessous de 38g/l.

 

Un travail mené en région dans le cadre du PEP Bovins Lait complète bien le reportage ci-dessus

L’étude menée  sur la trajectoire en acide gras du lait nous montre bien que l’incorporation d’herbe dans les rations permet d’améliorer le profil en acide gras (cf graphique 1 et 2). Dés que la pâture représente au moins un quart de la ration en matière sèche, les profils en matières grasses s'améliorent : diminution de la teneur en acide palmitique (C16:0), augmentation de la teneur en AGPI (acide gras polyinsaturé) et amélioration de l'indice de tartinabilité (C18:1/C16:0). L’alimentation humaine étant globalement déficitaire en acide gras polyinsaturés et surtout excédentaire en acide palmitique, l’incorporation d’herbe dans les rations permet de produire un lait correspondant mieux aux besoins des consommateurs.

 

Yves ALLIGIER - Loire Conseil Elevage

 

L’acide palmitique C16:0 (graphique 1) est le principal acide gras saturé, il représente presque 30% des acides gras totaux. Il tend à diminuer quand la proportion d’herbe pâturée augmente.

L’écart de teneur en C16 de la matière grasse augmente entre les systèmes maïs et les systèmes herbe majoritaire dès la mise à l’herbe (3 points en hiver contre 6 points au printemps).

 

 

 

 

 

 

 

Les acides gras polyinsaturés (AGPI) (graphique 2) regroupent entre autres les oméga 3 (dont l’acide linolénique) et les oméga 6 (dont l’acide linoléique). Ils représentent moins de 5% des acides gras totaux. La teneur en AGPI augmente avec la part d’herbe pâturée. 

 

Pour en savoir plus, retrouvez tous nos articles sur le pâturage et la pousse de l'herbe

 

 

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