Audit travail : se poser des questions pour échanger et participer

Aider les éleveurs à trouver eux-mêmes les réponses à leurs propres questions, Eliane GARDON conseillère Travail et Bâtiment à l’EDE du Puy de Dôme nous témoigne de sa mission autour de l’audit travail.

 

 

 

 

En quoi consiste ton intervention ?

Je questionne tous les travailleurs sur trois points :

Quels sont vos objectifs personnels et professionnels ?

Quelles tâches aimez-vous faire, quelles tâches vous pèsent ?

Quelles tâches êtes-vous prêt à déléguer et celles que vous voulez garder ?

Si je ne connais pas l’exploitation, je fais le tour des équipements. Je lance la discussion et j’amène les éleveurs à réfléchir. Je dégage, au fur et à mesure des échanges et des propositions avancées, les points positifs et les limites de chacune. On finit par trouver des solutions. Le fait de s’exprimer sur ses propres objectifs permet de partager et de trouver un bon compromis. L’audit travail englobe aussi bien les objectifs personnels que professionnels. À noter que les exploitants qui font appel à moi sont sensibilisés au sujet. J’ai le rôle de médiateur pour faciliter les échanges. Il faut s’assurer que chacun soit bien compris des autres.

 

A quel moment interviens-tu dans les exploitations ?

J’occupe le poste de conseillère bâtiment à l’EDE du Puy de Dôme. Ainsi, le sujet de l’organisation du travail est un point essentiel sur lequel je sensibilise les éleveurs.

Je travaille avec mes collègues de Conseil élevage Lait et Viande qui me passent le relais lorsqu’ils perçoivent des problèmes d’organisation et que les éleveurs sont prêts à échanger sur le sujet.

J’interviens aussi dans des groupes d’éleveurs existants, à l’initiative de la Chambre d’Agriculture ou de Conseil Elevage. C’est une autre façon de travailler, tout aussi intéressante. Même avec des systèmes et des logiques de fonctionnement très différents, les éleveurs sont ouverts et communiquent sur ce qu’ils aiment faire, ce qu’ils affectionnent moins et exposent les solutions qu’ils ont mises en place. Les échanges sont riches et chacun va se questionner et apporter des améliorations dans son élevage.

 

Quelles sont les problématiques les plus fréquentes ?

Les éleveurs veulent se libérer un moment pour casser le rythme de l’astreinte ou pour se libérer du temps. « C’est lourd, il faut être là tous les jours, deux fois par jour » lâchent facilement les éleveurs. Ils évoquent fréquemment la pénibilité et la durée de certaines tâches. Pour l’ergonomie du travail, je chronomètre, je mesure, je prends des photos, je filme. Lorsque l’éleveur se voit agir, c’est lui-même qui analyse son propre travail. A coup sûr, il trouve des solutions. J’aime qu’ils prennent conscience des postures inconfortables, répétitives.

En général, on trouve facilement des propositions simples et efficaces à mettre en place.

Lors d’aménagement ou de construction, il faut imaginer les circuits de l’éleveur pour faire toutes les tâches, les sens de circulation de la naissance au sevrage, à la sortie du bâtiment. Les abords du bâtiment, les accès et la circulation ne sont pas à négliger.

Dans les exploitations avec plusieurs associés et/ou salariés, la mise en place d’outils de communication est nécessaire. Des réunions hebdomadaires peuvent être mises en place pour traiter de l’administratif et des travaux à prévoir. Côté organisation, un planning dans la laiterie permet de noter les réunions, les congés, les rendez-vous extérieurs. C’est plus facile et c’est important pour savoir comment remplacer une personne absente et gérer l’emploi du temps de chacun.

Propos recueillis par J CHAUSSAROUX, CEL 63

 

Eliane GARDON, conseillère Travail et Bâtiment à l’EDE du Puy de Dôme.