AOP Rigotte de Condrieu a adoptée la prairie multi-espèces

Le syndicat travaille depuis 2010 sur la thématique de l’autonomie alimentaire des exploitations. Les exploitations adhérentes au syndicat doivent respecter le cahier des charges de l’AOP Rigotte de Condrieu et notamment les critères d’alimentation du troupeau caprin. C’est-à-dire une alimentation basée sur l’herbe : foin et herbe pâturée ou affouragement au bâtiment, l’interdiction de l’ensilage ou des modes de conservation par voie humide, enfin l’alimentation en fourrages et concentrés doit provenir à 80% de la zone d’appellation.

 

Historiquement, la prairie temporaire sur la zone était souvent une simple association soit dactyle-luzerne pour les parcelles les plus pérennes soit ray grass hybride-trèfle violet pour les prairies implantées pour moins de  3 ans. Les facteurs de réussite étaient mal maîtrisés et la mise en place d’une nouvelle prairie était souvent  aléatoire.

 

Des essais probants

Pour répondre à ces problématiques (techniques et réglementaires), le syndicat a choisi de mener des essais prairies multi espèces pour connaitre quel mélange est le plus adapté au territoire et comment optimiser la conduite de ce types de prairies.

Les principaux enseignements sont qu’il faut soigner l’implantation car on joue l’avenir de la prairie. Préférer des mélanges au moins à 5 espèces à des associations à 2 espèces car ils s’adaptent plus facilement au contexte pédoclimatique. Introduire 10 kg de luzerne dans les mélanges de fauche car elle booste le potentiel de la prairie. Limiter le trèfle violet entre 2 et 3 kg facilite la récolte en foin.

 

Une dynamique collective

Chaque année des rencontres sont organisées avec les éleveurs du territoire pour restituer les observations de l’année mais aussi pour traiter d’un sujet technique autour de la prairie : choix des mélanges, technique d’implantation, fertilisation, etc.

La marche en avant est lancée et dès cette année de nouveaux essais ont été mis en place avec pour objectif la connaissance de la valeur nutritive de ces mélanges et la connaissance de leur comportement au séchage.

Mickael Coquard Rhône Conseil Elevage

 

« GEC du Regrillon - Pélussin (42)

L’alimentation de nos chèvres est plus régulière et plus équilibrée

Associé à Laurent Chavas au sein du GAEC du Regrillon, Mathieu Jourjon est plus en charge de la production fourragère afin d’alimenter 250 chèvres et chevrettes, pâture, affouragement en vert et foin de séchage.

 

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cet essai ?

Depuis 3 ans nous avions déjà implanté un mélange (OH323) et je voyais bien que je récoltais plus d’herbe qu’avec nos Ray Grass, précoces pour l’affouragement mais obsolète l’été, et même qu’avec nos luzernes ou luzerne dactyle. C’était l’occasion d’aller plus loin dans notre réflexion et de mesurer concrètement les écarts.

 

Quels enseignements en tirez-vous ?

Les chiffres parlent d’eux même. Les associations multiples, St Marcellin, Jeu les bois et OH323 permettent de mieux couvrir le sol et donc de limiter fortement le développement des mauvaises herbes.

Un autre intérêt majeur pour nous est la régularité de pousse sur l’ensemble de l’année.

Si le Ray Grass nous permet de démarrer tôt, avec les mélanges multi espèces il y a toujours quelque chose à ramasser. L’alimentation de nos chèvres est plus régulière et plus équilibrée. Dans nos sols séchants, à pH 6-7, je pense que les mélanges sont ce qu’il y a de mieux pour nous,  nos chèvres et le sol.

 

Outre un intérêt alimentaire vous y trouvez un intérêt agronomique ?

Avec des semis tous les 5 ans, nous intervenons moins sur la structure du sol et laissons plus le temps au système racinaire d’agir positivement.  Si la fibre de la luzerne permet de sécuriser l’alimentation des chèvres, son système racinaire est bénéfique au sol. Grâce aux mélanges, nous n’utilisons pas de désherbant. Homme et sol,  tout le monde s’en porte mieux.

 

Economiquement les mélanges ont-ils un intérêt ?

Avec un fourrage plus abondant et riche, mieux réparti sur l’année et plus équilibré, nous avons limité nos achats.

En distribuant 100 g de concentrés/chèvre/jour en moins, c’est 9 T d’aliment que nous avons économisé.

 

Et demain ?

Nous souhaitons aller plus loin dans la qualité des fourrages et dans la connaissance des mélanges afin de les faire ingérer en quantité par nos chèvres. Face aux prix des concentrés, la valorisation des fourrages reste un levier pour la maîtrise du coût alimentaire.

 

Propos recueillis par Alain Drutel, Loire Conseil Elevage

 

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