20 ans d'évolutions dans l'accompagnement des éleveurs

Génilait, le rendez-vous annuel de la génétique et de la production laitière de la Loire fête sa 20ème édition le 5 juillet 2017 à Chalain le Comtal (42). A cette occasion, nous avons rencontré Laurent Fond, président de Loire Conseil Elevage, organisme qui faisait partie des initiateurs de Génilait en 1998. Il nous parle des évolutions qui l’ont marqué  depuis 20 ans au niveau de l’élevage laitier et de la structure qu’il préside. 
(illustration : les championnes Génilait 2008)

 

Quel souvenir gardez-vous des élevages d’il y a 20 ans ?

En 1997, 1340 élevages de bovins lait adhéraient au contrôle laitier de la Loire et l’élevage moyen comptait 28 vaches. La moyenne est aujourd’hui de 47 vaches par élevage. Je crois qu’on a tous en tête la restructuration qui s’est faite au niveau de nos exploitations. Avec l’agrandissement des troupeaux, des besoins en bâtiments et en renouvellement des équipements de traite sont apparus. La main d’œuvre, elle, a plutôt diminué sur les exploitations. On a certainement plus de problèmes de surcharge de travail aujourd’hui même si l’automatisation de certaines tâches nous aide.


Quel a été l’impact de cette évolution sur les services de Loire Conseil Elevage ?

L’automatisation de la traite a vu arriver le premier robot en 2011 sur notre département. On a dû s’adapter pour la pesée et acquérir un échantillonneur automatique qui à l’époque nous a coûté 4500€ pour un seul élevage et chaque marque de robot demandait un appareil spécifique ! Depuis, nous suivons une trentaine d’élevages robotisés. Nous avons aussi lancé un service de conseil en bâtiments d’élevage en 2003. Plus  généralement, nous avons développé des profils de conseillers spécialisés pour offrir aux éleveurs des compétences plus pointues. Nous avons aussi pu nous appuyer sur de nouvelles analyses de lait. Il y a 20 ans, on se contentait des taux et des cellules. Puis on a généralisé les analyses d’urée et d’autres critères vont arriver pour suivre au plus près l’alimentation. Maintenant on réalise aussi les tests de gestation sur le lait.

 

Est-ce que les thématiques de conseil ont évolué en 20 ans ?

Bien sûr. Les thématiques autour du troupeau, alimentation, génétique, qualité du lait… restent incontournables mais les objectifs des éleveurs ont changé car les systèmes se sont diversifiés. Depuis 10 ans, les demandes autour de la production fourragère ont beaucoup augmenté. Je me souviens qu’en 2009, on avait emmené des éleveurs au salon de l’herbe en Suisse, on redécouvrait les vertus des prairies multi-espèces. On a aussi conduit pas mal d’essais avec les Conseils Elevage de la région, encore cette année, avec les méteils protéiques. Les éleveurs ont compris tout l’intérêt de produire des fourrages de qualité et de bien les valoriser.

Vous évoquez des systèmes plus diversifiés, comment l’expliquez-vous ?

Les aides de la PAC et les quotas ont quelque part façonné les systèmes pendant longtemps. Sans parler de modèle, il y a 20 ans, on avait un peu un système-type. Aujourd’hui, on a toujours les systèmes maïs-ray gras mais aussi des systèmes herbagers avec de la pâture, du séchage en grange… Finalement, la seule recette c’est d’avoir un système cohérent et efficace économiquement. La gestion par l’économique, c’est un point  sur lequel nous sommes beaucoup plus sensibles qu’il y a 20 ans.

Comment avez-vous vu évoluer les outils de communication ?

En 1997, on lançait notre premier bulletin d’information papier pour nos adhérents. 20 ans plus tard, il est devenu le Lait’s go régional. On utilisait tous exclusivement du papier.  Puis l’internet s’est développé à partir de 2000. Pour un organisme comme Loire Conseil Elevage qui diffuse et valorise beaucoup de données, c’était un sacré avantage de pouvoir utiliser un site web pour que les éleveurs accèdent à leurs résultats.  On a oublié le temps qu’on devait passer à trier et archiver tous ces papiers.

Ressentez-vous un besoin accru des éleveurs pour des groupes d’échanges ?

Oui, peut-être parce qu’on est moins nombreux et qu’on prend toujours de bonnes idées chez les autres. J’ai souvenir de la journée de démonstration de mélangeuses qu’on avait organisée avec la FDCUMA  au lycée de Précieux en 2005. Quelques années plus tard, des groupes d’éleveurs se sont montés pour acheter et utiliser une automotrice en commun. Avant, en 2003, on avait créé des groupes sur l’élevage des génisses et aujourd’hui, on se retrouve entre éleveurs pour parler récolte du maïs, production bio ou coûts de production.

Génilait a 20 ans, Loire Conseil Elevage était au début de l’aventure…

C’était normal pour nous de nous associer à l’organisation de cette journée, on avait l’expérience du recrutement et de la présentation du concours départemental des races laitières. Et puis, cela se passait à nos portes, à Chalain. Sur notre département, on a une vraie dynamique de manifestations d’élevage, comices, Openshow Génisses, National P’H tout récemment… Les éleveurs s’investissent, participent et l’organisme a toujours été à leurs côtés avec son équipe.

 

Propos recueillis par S. Marchal, Loire Conseil Elevage

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